De prime abord, on ne cherche pas à définir le cinéma indépendant en lui-même et pour lui-même étant donné qu’on a davantage tendance à se contenter de l’opposer aux films à gros budgets. Ainsi, le cinéma indépendant est réduit à ses maigres moyens. Il convient de remettre en question cette idée reçue, afin de comprendre non seulement ce qu’est vraiment le cinéma indépendant, mais également si les films qu’il produit s’opposent nécessairement aux blockbusters.
Pulp Fiction en soit témoin : production indépendante ne signifie pas nécessairement manque de visibilité et de reconnaissance. En effet, Quentin Tarantino n’a pas été exclu des tapis rouges sous prétexte qu’il ait décidé de rester libre. Aujourd’hui, le film de gangster bénéficie d’une renommée internationale. Il pourrait s’agir d’une exception qui confirme la règle. Néanmoins, ce n’est pas le cas. Produire un film de manière indépendante n’est pas nécessairement le résultat d’un choix fait par dépit par manque de fonds. De fait, cela peut également être une façon d’échapper aux diktats et de s’assurer une liberté totale de création et de production. Cloud Atlas réalisé par Andy et Lana Wachoski en est également la preuve. Le film indépendant a bel et bien été distribué par le géant du cinéma Warner Bros qui diffuse majoritairement des films à succès, notamment issus de l’industrie hollywoodienne qui représente l’exact opposé du cinéma indépendant.
La société de production indépendante United Artists semble avoir beaucoup à nous apprendre à ce sujet. De fait, avant de devenir un major, elle produit dès 1920 ses propres films en dehors des grands studios et ne les diffuses pas dans les salles privées des autres majors qui eux, dominent l’industrie, donnant du crédit aux films et aux acteurs en tête d’affiche qui deviennent de véritables « stars », le genre que l’on ne pense pas retrouver dans des films indépendants.
L’industrie cinématographique n’a pas été exempt des conséquences de la Première Guerre Mondiale. Cependant, les indépendants semblent avoir été ceux qui s’en sont sorti le mieux, étant donné qu’ils n’ont pas été victimes de l’instabilité des gros studios. Ainsi, les productions à petit budget se sont multipliées, contribuant à l’association cinéma indépendant-manque de moyens, idée qui persiste un siècle plus tard.
Finalement, le cinéma indépendant, bien qu’il soit la plupart du temps réservé à des petits comités, notamment lors de festivals, et que ces films ne soient pas nécessairement diffusés sur grand écran, la possibilité d’être reconnus comme des chefs-d’œuvre n’est pas exclue. Ainsi, les faibles budgets et les maigres diffusions ne doivent pas être considérés comme une fatalité, mais plutôt comme un choix assumé qui offre une totale liberté au producteur.